Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/20

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LE.

d’aller s’égarer dans l’épaisseur de la forêt. La nuit vint, la vieille Jutta s’assit, auprès de son rouet, et Wulfstane se mit à réparer son are et ses flèches à la lueur incertaine de la lampe. Soudain ses chiens de chasse se réveillent en sursaut ; un bras puissant ébranle la cabane, Wulfstane saisit ses armes ; la porte s’ouvre, un farouche guerrier s’avance à grands pas.

XI.

— Que la paix soit avec vous ! dit-il. Quoi ! personne ne répond, cessez d’être surpris et d’avoir peur. C’est moi !... Cette jeune fille a dû m’annoncer... Peut-être n’a-t-elle pas osé le faire... N’importe... C’est moi qui demande la belle Metelill en mariage. Je suis Harold l’indomptable, dont le nom est l’orgueil des braves et la honte des lâches.

Le père et la mère s’interrogent mutuellement par des regards qui expriment la terreur et la colère. Wulfstane, toujours prêt à guerroyer, commençait à mesurer de l’œil la taille de l’étranger, mais son courage l’abandonna soudain quand il comprit que le combat serait inégal. Les regards de Jutta disent assez avec quelles funestes malédictions elle prononce tout bas le nom d’Harold ; mais elles sont impuissantes sur le fils de Witikind, et la, sorcière n’ose plus le regarder qu’avec l’air égaré de la surprise.

XII.

Bientôt la vieille eut recours à la ruse, arme naturelle des femmes, et répondit avec douceur au chevalier, que sa fille était trop jeune encore. — Harold reprit que c’était là l’excuse d’une vierge timide. L’héritier d’un riche baron, ajouta-t-elle, prétend avoir touché son cœur. — Dites-lui tout bas que c’est Harold qui est son rival : Jutta crut alors prudent de demander un délai — Que le chevalier, dit-elle, daigne attendre jusqu’à demain matin, il est nuit !... le seigneur Harold honorera ses hôtes, s’il consent à dormir sous leur toit. Elle espérait bien, si Harold acceptait, que ce serait son dernier sommeil. —