Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/224

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IV.

Veux-tu enfin savoir, ma Lucy, pourquoi je t’ai refusé deux fois de continuer, la légende du vaillant chevalier de Triermain. Un peu piquée, tu fis le serment de ne plus me la demander jusqu’à ce que l’accès poétique me reprît, et me rendit moi-même jaloux d’être écouté. Mais, mon aimable amie, la première fois que tu me prias de continuer ce récit romantique, n’était-ce pas ce jour forlunéqui fut témoin du don de ta main ?. Ébloui de mon bonheur, pouvais je me rappeler, voir, entendre d’autre objet que ma Lucy, dans le passé, le présent ou l’avenir ? mon ravissement avait opéré sur moi l’effet d’un philtre magique.

v.

Je te refusai une seconde fois dans la belle capitale de la ‘Clyde : ma harpe, ou pour revenir à la vieille expression classique, car la harpe est un mot répété à satiété par nos bardes modernes ; ma muse, dis-je,. ne se réveille qu’auprès du lac silencieux, ou sous l’ombrage épais des forêts. C’est une nymphe sauvage et rustique dont le pied nu aime à fouler la pelouse fleurie, la mousse et le thym. De peur que la simple couronne de lis qui ceint son front ne se flétrisse, elle se tient sans cesse cachée dans les verts bocages pour y méditer ses vers.

vi.

La voici ! la voix chérie du ruisseau solitaire a frappé son oreille ; la clairière a séduit ses yeux ; elle désire mêler ses chants au murmure du ruisseau qui jaillit de la montagne ; elle va tenter de— charmer le voyage de Lucy en disant aux échos de Ben-Cruah comment se termina le conte que ma bien-aimée prit jadis plaisir à écouter ; elle est inspirée ! Écoute comment Roland se rendit à la vallée de Saint-Jean.

LES FIANÇAILLES DE TIERMAIN.