Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/26

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le calme de son visage, il épia l’occasion favorable de hasarder un conseil. C’est ainsi que, lorsque les derniers flots d’un torrent s’écoulent, le timide pèlerin hésite encore, et s’arrête sur la rive avant de risquer le passage ; tel l’écuyer d’Harold craignait encore de réveiller l’humeur chagrine de son seigneur, lorsque celui-ci releva la tête, et Gunnar vit briller ses yeux comme ces rayons du soleil qui dispersent les nuages.

V.

— Fils d’Ermengarde s’écria-t-il, descendant des bardes, et fils d’une prophétesse, prends ta harpe, et salue cette brillante aurore par un noble chant de gloire ! que ta voix retentisse comme le cor du chasseur et l’harmonie sauvage des bois ; tel était le plaisir de mon ancêtre Eric, lorsque le point du jour dissipait les ténèbres. Le scalde Heymar appelait au son de sa harpe tous ses compagnons endormis sur les dépouilles des ours et des loups ; ils s’élançaient comme les Iions du fond de leur repaire ; et, pleins d’un noble enthousiasme, ils allaient rivaliser de courage. Illustre Éric ! ô toi, le plus vaillant des fils d’Odin, où repose ton ombre magnanime ? Admis au palais de Valhala, tu savoures l’hydromel dans le crâne des vaincus ; ou peut-être tu habites encore le rivage désert d’où ton monument défie les vagues écumeuses ! En quelque lieu que tu sois, ils te sont connus, sans doute, nos travaux, nos combats, nos trophées et nos malheurs ! Il dit, et Gunnar obéit aussitôt.

VI.

Du fils d’Inguar quand vint le dernier jour,

Des flots de sang inondèrent la plage ;

On entendit l’orfraie et le vautour

Se réjouir sur leur roche sauvage ;

Il a péri de la mort des héros !

Il revivra dans l’hymne de la guerre.

« Paix au guerrierrhabitant des tombeaux,

« Le fils d’Inguar fut digne de son père !

CHANT TROISI