Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/46

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XVI.

Tel que l’aigle qui fond rapidement du ciel dans la plaine, Harold est déjà descendu de la colline. Comme on voit les faibles oiseaux qui gémissent, et fuient à la vue du tyran des airs, chacun se disperse à l’approche d’Harold ; le jeune époux l’attend seul de pied ferme, tel que le noble faucon qui ose se mesurer avec l’aigle étonné de sa témérité, La lourde massue du Danois a déjà brisé l’épée de William, qui tombe lui-même sur le sable. Dieu du ciel ! tu peux seul venir au secours de l’époux de Metelill, ou bientôt il aura cessé de vivre avant que la première heure de son hymen soit écoulée !

XVII.

La fureur d’Harold est à son comble ; l’éclair sinistre de la mort brille dans ses yeux ; il fronce ses épais sourcils ; il grince des dents, sa main se contracte, une blanche écume couvre ses lèvres, son terrible bras est prêt à frapper, lorsque le jeune Gunnar s’élance, arrête la massue homicide, et, se jetant aux genoux de son maître, s’écrie : Laisse-toi toucher par la pitié ! pense, Harold, aux paroles menaçantes prononcées par le fantôme ! L’heure qu’il a prédite est arrivée : grâce ! grâce ! Harold, ou crains le désespoir !…

Cette voix suspend la rage d’Harold... Cependant son bras demeure levé, et son visage ressemble à celui du ministre de la mort, qui attend le signal.

Le page ne cesse de l’implorer : — Fais le signe mystérieux de la croix, lui dit-il ; répète la prière des chrétiens ; résiste au démon qui veut s’emparer de toi, ou tu es perdu !

Harold, cédant à un sentiment qu’il ne peut définir, fait le signe de la croix... Au même instant, ses regards s’adoucissent, son front se déride et s’éclaircit ; la fatale massue retombe doucement à son côté ; il détourne ses pas et s’éloigne. Souvent encore, cependant, tel qu’un convive qui quitte la table du festin avant que le banquet soit terminé, il tourne la tête, comme s’il regrettait une