Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/62

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on, c’est un messager arrivé en toute hâte ! — Oswald, troublé, se contraint, et répond en ces termes : — Qu’on apporte des alimens et du vin, qu’on ranime la flamme du foyer ; que l’étranger soit introduit et qu’on se retire.

VI.

L’étranger entre d’un pas fatigué ; le panache de son casque couvre les traits de son visage ; un vêtement de peau de buffle enveloppe, dans ses larges replis, sa haute stature. A peine s’il daigne répondre à l’accueil empressé que lui fait Oswald ; mais il témoigne, par un sourire dédaigneux, qu’il voit et méprise la ruse du châtelain, qui avait eu le soin de placer le flambeau de manière que sa clarté, tombant sur le visage du soldat, lui permit d’examiner ses regards sans lui découvrir les siens. Cependant l’étranger se dépouille de sa lourde peau de buffle, et les reflets de la lumière viennent se briser sur sa cuirasse d’acier. Il dépose son casque, secoue la rosée qui a mouillé son panache, quitte ses gantelets, qu’il place près du feu pétillant, et va s’asseoir à la table qu’on vient de servir. C’est sans porter une santé, sans faire un salut, sans prononcer une parole de courtoisie, qu’il vide la coupe a longs traits et contente sa faim dévorante, aussi peu cérémonieux qu’un loup affamé qui déchire sa proie.

VII.

Son hôte le regarde avec une impatience mêlée de crainte, pendant qu’il continue paisiblement son repas, et que la liqueur qu’il savoure ajoute encore à la fierté de son front. Tantôt Oswald se retire à l’écart, tantôt il traverse l’appartement à grands pas, ayant peine à dissimuler l’inquiétude qui l’agite, et maudissant chaque instant de retard ; mais bientôt c’est en tremblant qu’il voit finir ce repas si prolongé ; il lui semble que ses gens ont obéi trop vite au signe qu’il leur a fait de le laisser seul avec l’étranger, à qui il lui tarde de demande