Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’un soldat ; je ne sais point éclaircir d’obscures questions ni expliquer des énigmes.

XV.

La colère, que la ruse et la crainte avaient réprimée, éclate enfin dans le cœur de Wycliffe, et la bravade d’un obscur soldat réveille en lui tout l’orgueil de sa race.

— Misérable ! s’écrie-t-il, as-tu rempli ta mission de sang ? Philippe de Mortham vit-il encore ? As-tu trahi ton chef ou ton serment ? Parle : as-tu tenu la promesse que tu me fis d’immoler Mortham pendant la bataille ?

A ces mots, le soldat s’élance de son siège, et, saisissant la main d’Oswald, il la presse avec tant de force, que le sang en jaillit, comme si la sienne eût été armée d’un gantelet de fer.

— Je bois à ta santé, lui dit-il, et vidant la coupe en souriant, il laisse retomber la main de Wycliffe.

— Maintenant, ajouta-t-il, Oswald, dévoile ton cœur, et parle naturellement ! N’es-tu pas digne, si tes lâches craintes ne s’y opposaient, d’aller mener, comme moi, la vie errante d’un flibustier ? Que t’importe la bonne cause, si les trésors et les domaines de Mortham tombent en ton pouvoir ? Que te fait la prise d’York, si ma vaillante main a exécuté tes ordres ? Tu te soucies bien que Fairfax et ses meilleurs officiers rougissent de leur sang la plaine de Marston, si Philippe de Mortham a expiré à leurs côtés. Assieds-toi donc, et soyons comme des compagnons qui vident les coupes après une victoire, en se racontant ces exploits qui font frémir les enfans et les femmes. Je vais te faire le récit de la mort de Philippe.

XVI.

— Lorsque tu me verras renoncer à ma vengeance, appelle-moi misérable, et estime-moi un faible ennemi ; lorsque j’aurai pardonné un affront, traite-moi de vil esclave, et vis sans crainte ! Philippe de Mortham a été un de ceux que Bertram de Risingham appelle du nom d’ennemis, ou plutôt un de ces traîtres que ma veng