Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/85

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ND. 79

voix peut-être retentissait dans son cœur lorsqu’il adressa ces mots au fils d’Oswald.

— Wilfrid, ce ravin n’est jamais fréquenté jusqu’à l’heure où le soleil s’arrête au milieu de l’horizon, et pourtant j’ai déjà vu deux fois quelqu’un qui semblait vouloir observer nos pas. Deux fois il s’est dérobé à mes yeux, derrière un rocher ou le tronc d’un arbre. N’as-tu rien remarqué ? Serions-nous épiés, ou ton père aurait-il trahi ma confiance ?… Si cela était…

— Avant que Wilfrid fût sorti entièrement d’une rêverie excitée par des pensées plus gracieuses, avant qu’il eût pu se préparer à répondre, Bertram s’est écrié : — Qui que tu sois, arrête ; — et il se précipite le fer à la main.

XIV.

Aussi prompt que la foudre qui éclate, il s’élance dans le sentier retentissant. Les échos des rochers et du bois se renvoient le bruit de ses pas et son terrible défi. Il lui semble que celui qu’il poursuit a gravi la montagne ; il en fait le tour, et bientôt il mesure des yeux sa cime escarpée. Ses pieds, ses mains et tous ses membres réunissent leurs efforts pour l’escalader. Wilfrid, troublé par la surprise, voit quel péril le menace. Tantôt Bertram s’attache aux racines noueuses du chêne ; tantôt il ose se suspendre aux festons du lierre. Tel que le chevreuil bondissant, il est forcé de s’élancer dans les airs sans avoir un point d’appui. Enfin il demeure comme enseveli dans les sillons couverts de broussailles, que l’eau de la pluie a tracés. On n’entend plus que la branche qui crie et se casse, le bruit sourd de son corselet, les éclats de roche qui roulent dans le torrent, le signal d’effroi du faucon chassé de son nid, et les croassemens des corbeaux, qui espèrent que son cadavre deviendra leur proie pour prix de sa témérité.

XV.

Soudain il reparaît ! mais comment portera-t-il plus