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Page:Olivier - Un sauvetage, 1938.pdf/23

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UN SAUVETAGE

Maurice qui savait mieux à quoi s’en tenir, ne s’y trompa pas, et il surprit de loin quelques conversations animées entre les deux jeunes gens, qu’il se garda bien de déranger en révélant sa présence.

Il observa aussi l’attitude de Suzanne et il s’aperçut qu’elle aidait aux entrevues des deux autres ; mais à contre cœur et en essayant toujours d’en détourner son amie.

Quand au baron, il devenait nerveux, agité comme un homme qui a une sérieuse préoccupation ; sans doute M. Montfort retardait-il sa réponse en espérant que Germaine reviendrait sur sa décision.

Mais toute cette agitation montrait à Maurice que les choses marchaient et qu’il était temps de s’en mêler s’il ne voulait pas qu’elles marchent sans lui. Il résolut donc d’entrer en scène.

Précisément, les jeunes filles sortaient : il était libre, il les suivit ; il les perdit de vue, monta en vitesse une petite ruelle pour les rattraper, ne les rejoignit pas, redescendit vers la plage et vit Suzanne qui revenait seule, ou plutôt qui allait et venait comme quelqu’un qui attend.

Il la rejoignit et aborda bravement la question :

— Tiens, Mademoiselle Suzanne, je croyais que Germaine était avec vous ?

— Mais oui, fit Suzanne embarrassée, oui, c’est-à-dire elle m’a quittée une minute…

— Pour aller voir M. José sans doute ?

Le jeune fille regarda Maurice avec une certaine méfiance, pensant :

— Que sait-il, celui-là, et que veut-il savoir ?

Maurice devina cette pensée et continua :

— Ne vous étonnez pas, Mademoiselle Suzanne, que je sache cela ; je sais encore d’autres choses qui vous étonneraient bien plus ; mais puis-je vous demander ce que vous pensez de la conduite de votre amie ?… Vous pouvez vous confier à moi, je suis un véritable ami pour Germaine… et pour vous, si vous le permettez. Voyez-vous, je suis bien placé pour voir et pour entendre : je pourrai peut-être vous rendre de petits services. Ayez confiance une fois et vous verrez. Ainsi, Germaine est allée voir José ?

— Elle me désole ; s’écria Suzanne.

— Rien de grave, pourtant ?

— Mais non, ils se retrouvent de temps en temps dans