Page:Ollivier-Beauregard - Kachmir et Tibet.djvu/125

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ligieuses et civiles, constituassent-elles une population des plus denses, trouveraient pour leurs foyers d’hiver tout l’aliment nécessaire à les égayer jusqu’à la consommation des siècles[1]. D’autre part, aux jours chauds, l’eau, c’est-à-dire la végétation presque facultative, ne peut pas manquer au Tibet. Les neiges que l’hiver amoncelle sur ses montagnes seront toujours, aux temps chauds, avec un peu de soin, d’inépuisables ressources d’arrosement pour ses hautes vallées et ses plaines intermédiaires.

Malheureusement, au Tibet, cette précieuse ressource n’est pas utilisée, et la fortune du Tibet s’expatrie périodiquement en pure perte[2].

Les Pyrénées, les montagnes de l’Auvergne, sous des latitudes moins favorables que celles du Tibet, mais ouvertes et exposées comme le sont les montagnes du massif tibétain, sont émaillées, à des altitudes de 1 000 à 1 500 mètres, de riches pâturages et de plantureuses terres arables[3]. Mais là on ne craint pas de faire des enfants ; on les multiplie, au contraire, le plus possible. On fait ainsi des bras qui creusent des rigoles de dérivation et d’irrigation, qui ouvrent des tranchées d’assainissement et dessèchent les terres trop humides

    sur l’Inde, t. II, p. 282, à propos de la campagne entreprise par l’ordre de Akbar pour trouver les sources du Gange : « On s’avança toujours du côté du nord, et plus on approchait de la source, plus le lit du fleuve s’étrécissait. On traversa des forêts inhabitées, où il fallut se faire des chemins nouveaux. »

  1. L’ouvrage : Account of Koonawur, in the Himalaya, by the late capt. Alexander Gerard, etc., London, 1841, fournit d’intéressantes indications topographiques sur ces contrées himalayennes, et à la fin, en appendice, une note très étendue des essences forestières et des arbres fruitiers qui croissent dans les montagnes et sur leurs pentes. Voir aussi : Asiatic Researches, Serampore, 1825, vol. XV, p. 339 et suivantes.
  2. Par le fleuve Zzang-bo-tsiou. Ce fleuve est le plus grand cours d’eau du Tibet ; il reçoit les eaux de presque toutes les rivières de cette région. Son nom Zzang-bo-tsiou signifie « eau pure ».

    Ce fleuve est l’Irrawaddy de l’empire des Birmans, dont il arrose le territoire du nord au sud.

  3. L’ouvrage déjà cité du capt. Alexander Gerard constate les mêmes faits dans les montagnes du Koonawur.