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bet plus nombreuse que partout ailleurs, au grand dommage de la vie civile, où, pour longtemps encore, la rareté des femmes du monde maintiendra l’institution de la polyandrie.

Rien ne manque du reste au Tibet pour donner aux couvents de femmes une vogue d’actif recrutement.

Si les couvents d’hommes ont au Tibet leur directeur spirituel, le dalaï lama, en qui revit sans interruption, par transmission immédiate de l’un à l’autre, la vie divine ; les couvents de femmes ont leur directrice, en qui revit la Divinité sans interruption et par voie de transmission directe de l’une à l’autre.

Toute religieuse peut devenir directrice, et nous pouvons croire qu’au Tibet les aspirantes à la divinité ne font point défaut.

Pour les femmes, la Divinité incarnée est Bhavani.

Dans les institutions d’un peuple tout se lie et se commande logiquement et pour cette raison je dois fournir ici, à propos de cette incarnation de Bhavani, des indications capables d’appuyer ce que j’en vais dire et de faire comprendre la raison de ce stigmate circulaire que portent au vertex les Tibétains des deux sexes et que M. de Ujfalvy a signalé à notre attention.

Bhavani est dans l’Olympe indien une divinité d’ordre supérieur. Elle est l’épouse de Siva, l’une des trois personnes de la Trimurtis ou Trinité des Hindous.

Toutefois, ce nom de Bhavani n’est que l’expression d’une des qualités de la divine épouse de Siva et son nom plus synthétique est Parvati[1].

Sous le nom de Bhavani, Parvati est la nature personnifiée et ici sous le vocable particulier de Bhavani elle est ce que, dans nos contrées occidentales, nous appellerions : Notre-Dame du Tibet.

Une légende — il y a beaucoup de légendes dans les croyances religieuses de l’Asie brahmanique et bouddhique,

  1. Langlois, Théâtre indien, t. II, table alph., p. 399.