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V

Ma communication du 6 du mois d’avril dernier contient les lignes dont voici l’exacte et textuelle reproduction : « Il s’agit de savoir qui, dans l’antiquité, des peuples historiques que je dénommerai tout à l’heure, ou des Dardis de Klaproth, du docteur Leitner et de M. de Ujfalvy — quels que soient d’ailleurs chez ces Dardis le poil et l’ouverture de l’angle facial — a occupé les territoires que M. le docteur Leitner a spécifiés ainsi : « Dans le sens le plus large le Dardistan comprend les pays situés entre le Kaboul, le Badakhshan et le Kachmir ; ce serait un triangle ayant pour base Peshawer. » Dans ces conditions de délimitation, le Dardistan serait l’ensemble des contrées, le plus ordinairement, et pour des temps anciens, dévolues — à tort ou à raison, je ne veux pas le savoir ici — aux Aryas-Bactriens[1]. » M. Girard de Rialle, après avoir reproduit ce texte, l’a fait suivre sans autre commentaire de cette courte observation : « Non ! la contrée dévolue aux Aryas-Bactriens, c’est l’Inde. »

Cette riposte, alerte et serrée qui m’arrive comme un coup droit, accuse au moins une distraction de la part de notre collègue.

Ce que je vais dire, M. Girard de Rialle le sait aussi bien que moi et il ne lui a manqué, c’est certain, qu’un peu de réflexion pour se garer d’erreur.

Depuis que la science moderne s’occupe des Aryas, — et elle a produit de gros livres à leur sujet, — elle les a divisés en trois catégories. Elle a distingué : les Aryas-Bactriens proprement dits ; les Aryas-Iraniens, qui sont une expansion vers l’ouest des Aryas-Bactriens ; les Aryas-Indous, qui sont une expansion vers l’est des Aryas-Bactriens, et ce n’est un secret pour personne ici et ailleurs que l’Iran ou la Perse était le domaine dévolu aux Aryas-Iraniens et l’Inde aux

  1. Page 253 des Bulletins, mars et avril 1882 ; et p. 18 du tirage à part.