Page:Opere inedite o rare di Alessandro Manzoni, volume III, 1887.djvu/70

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vous parlez de facilité à se faire jour, d’éclat, d’énergie et cela à propos de la pensée, je ne prétends pas non plus avoir le droit de ne rien comprendre. Grâce au ciel, comme disait le pharisien, je ne suis pas de ces gens, on peut presque dire d’autrefois, qui prétendaient qu’il faut toujours et tout définir ; sans songer qu’il faudra bien arriver à des mots indéfinissables, ou définir toute sa vie, sans venir à bout de rien définir. On pourrait bien dans quelque cas souhaiter des paroles qui allassent plus droit au fait, que celles en question ; mais enfin ce n’est pas vous qui ayez forgé celles-là, ce n’est pas vous qui les transférez et les appliquez le premier à la pensée ; cela est déjà fait : c’est la langue, ce sont les gens ; et certes ils y comprennent quelque chose lorsqu’ils les prononcent ou qu’ils les entendent prononcer.

Oui, ils s’en servent, ils les appliquent ces expressions : à quoi donc ? Je viens de le dire : à la pensée. Mais encore, à quelle pensée ? A la pensée comme elle est, comme on l’entend, comme on se la connaît : voilà pourquoi on les comprend. C’est lorsqu’on les voit appliquées, non plus à la pensée, mais à un moment de la pensée, à un moment dont vous prétendez établir la réalité, non sur aucun témoignage de la conscience humaine, mais sur des inductions logiques, à un moment que personne ne connaît, et qui, selon vous-même (1828, leç. 6.e, p. 9), n’est plus et ne peut plus revenir, à un moment dont on n’a d’idée que par la définition que vous en donnez, c’est alors que ces expressions deviennent incompréhensibles.

Car songez donc que si l’on conçoit ce que veut dire plus ou moins de confusion dans la pensée, c’est parce qu’on y admet la distinction ; ou, pour ne rien changer à vos paroles, songez que synthèse plus ou moins confuse ne sont paroles intelligibles, qu’en tant qu’elles sont synonymes de synthèse plus ou moins