Page:Opere inedite o rare di Alessandro Manzoni, volume III, 1887.djvu/79

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ait ? Un mot sans une langue, ou une langue d’un mot ? Un mot tout seul ? Le fait spécial d’un mot, sans le fait général de la parole ? Ou la parole étant un fait spécial ?... Ah ! j’oubliais que l’on a cru le concevoir ; mais je n’ai pas besoin à présent d’aller jusque-là. C’est de mots, c’est de langues que vous parlez : cela (et c’est vous qui m’avez bien aidé à le démontrer), cela suppose, cela représente nécessairement conception distincte, exclusion, négation.

Ainsi, veut-on deux momens de la pensée, que l’on appellera l’un spontanéité, inspiration, l’autre réflexion ? je ne conteste pas cela à présent... peut-être le conteste-je plus que je ne le pense moi-même ; mais c’est égal, je ne songe pas à le contester : je conteste seulement au premier la faculté de parler. Veut-on que le fini ait été dans la conscience sans y représenter le contraire de l’infini, je ne disputerai pas sur cela à présent : si j’avais à le faire, je commencerais par demander pourquoi et comment... mais encore une fois, il ne s’agit pas de cela à présent : qu’il y ait été, ou qu’il y soit, comme on voudra ; mais qu’il y soit resté, qu’il y reste toujours. Pour passer en cet état dans la langue, je lui refuse le passeport : nier l’infini, ou pour mieux dire, nier qu’il est l’infini, est sa condition pour être un mot. C’est la condition de tout : que tout ait été dans la conscience compénétré, identifié, affirmé sans négation ; il n’a pu être dans la langue qu’au moyen de mots dont chacun, en disant ce qu’il a à dire, dit de plus : mes confrères disent autre chose.

Mais fallait-il tant ergoter, tant vous citer et vous commenter vous-même pour prouver, quoi ? que les langues sont essentiellement...