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Page:Oppermann - Traité complet des chemins de fer économiques d'intérêt local, 1873.djvu/20

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Faut-il l’expliquer en disant que, de l’autre côté de l’Océan, la vie humaine semble avoir moins de prix aux yeux des voyageurs eux-mêmes que dans les pays plus anciennement civilisés ; – faut-il dire que, dans les accidents, la mort des voyageurs de race noire ou de couleur n’est pas considérée comme une perte sérieuse… ce sont là des limites d’appréciation où l’égoïsme des compagnies et des propriétaires de chaque ligne joue un rôle trop peu conforme aux notions reçues de la dignité humaine, pour que nous puissions dire : les Américains ont raison. On peut dire seulement qu’il leur est difficile de faire autrement.

Nous aimons mieux croire qu’en effet, c’est cette dernière raison, de force majeure, qui les a guidés avant tout, et la preuve en serait d’ailleurs dans le remplacement successif de tous leurs anciens ponts en bois par des ponts en pierre ou des ponts métalliques. C’est même à ce dernier fait et à l’exécution toute récente et prochaine de toute une série d’immenses ponts et viaducs en fer, dans les États-Unis, plus la consommation énorme de rails qui a lieu chaque jour par l’extension des réseaux d’outre-mer, qu’il faut attribuer en grande partie la hausse récente et extraordinaire du prix des fers et des tôles (ils ont presque doublé : le rapport est de 5 à 3 environ).

Souhaitons, malgré cela, que le remplacement des lignes et des ponts provisoires de l’Amérique ait lieu graduellement, dans l’intérêt des voyageurs et de la prospérité de ces belles régions.

On en sera quitte, dans les pays producteurs du fer, pour y établir un plus grand nombre de hauts fourneaux, et y développer aussi l’exploitation mécanique du combustible minéral.

C. A. OPPERMANN.