Page:Opuscules de Saint Thomas d’Aquin, tome 5, 1858.djvu/233

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chose, c’est pour cela qu’il est imparfait. Il faut savoir cependant que ce n’est pas sans raison qu’on détermine la perfection ou l’imperfection du discours par la production d’un sens. Sur quoi il faut observer que, bien que le discours et chacune de ses parties soient des choses artificielles et non quelque chose de naturel, ils ne sont pas non plus des instruments de la vertu interprétative, comme disait Platon. Car les instruments naturels de cette vertu sont le poumon, le gosier, le palais, la langue, les dents et les lèvres, ce sont cependant les instruments de l’intellect lui-même, qui n’est pas une force matérielle, mais bien au-dessus de toute nature corporelle. Or l’instrument se définit par fin, laquelle est l’usage, et l’usage de la. voix significative est de faire connaître à celui qui écoute les conceptions de l’intelligence de celui qui parle. C’est donc à bon droit qu’on définit le discours par fait et le discours imparfait par la production d’un sens ou par la signification. C’est pourquoi on appelle parfait le discours qui produit un sens parfait dans l’esprit de l’auditeur à cause de la complexion qu’il exprime. Or, il y a cinq espèces de discours parfaits, à savoir l’espèce énonciative, la vocative, l’interrogative, l’impérative et la déprécative. Il faut savoir que non seulement la raison conçoit les choses elles-mêmes, mais qu’elle dirige et ordonne autre chose par sa conception; en concevant les choses en elles-mêmes elle forme le discours indicatif ou énonciatif, en ordonnant les autres choses, elle forme les autres discours. On est dirigé et coordonné par quelqu’un à trois choses d’abord à appliquer son esprit, et à cela appartient le discours vocatif; secondement, à répondre de la voix, et à cela appartient le discours interrogatif; troisièmement, à faire une œuvre, et à cela appartient, pour les inférieurs, le discours impératif, et pour les supé rieurs le discours déprécatif, auquel se rapporte le discours optatif,