Page:Opuscules philosophiques et littéraires. La plupart posthumes ou inédites.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tends par nature, tout ce qui est sans raisonnement), la nature, dis-je, ne nous donne des desirs que conformément à notre état : nous ne desirerons naturellement que de proche en proche ; un capitaine d’infanterie desire d’être colonel, et il n’est point malheureux de ne point commander les armées, quelques talens qu’il se sente. C’est à notre bon esprit et à nos réflexions à fortifier cette sage sobriété de la nature ; il ne faut donc ne se permettre de desirer que les choses qu’on peut obtenir sans trop de soins et de travail, et c’est un point sur lequel nous pouvons beaucoup pour notre bonheur. Aimer ce qu’on possède, savoir en jouir, savourer les avantages de son état, ne point trop porter la vue sur ceux qui nous paroissent plus heureux, s’appliquer à perfectionner le sien et à en tirer le meilleur parti possible, voilà ce qu’on doit appeller être heureux ; et je croirois faire une bonne définition, en disant que le plus heureux des hommes est celui qui desire le moins le changement de son état. Pour jouir de ce bonheur, il faut guérir