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CANTON SUD-OUEST DE RENNES

Bientôt des propos joyeux et des éclats de rire parvinrent distinctement à ses oreilles, et la douce voix de Rosette le tira de sa torpeur. C’étaient, en effet, les fiancés qui revenaient à cheval, accompagnés de leurs parents et de leurs amis.

Pour ne pas être reconnu, Pierre monta rapidement la côte, afin de distancer la cavalcade ; mais il réfléchit qu’elle l’aurait promptement rattrapé, et avisant à sa droite, près d’une carrière abandonnée et pleine d’eau, d’énormes roseaux et des broussailles épaisses, il s’y cacha pour se dérober aux yeux des passants.

À peine y fut-il entré, que les voix et les rires se firent entendre de nouveau. Les voix, confuses et vagues d’abord au tournant du chemin, devinrent dans un instant distinctes, claires et faciles à saisir.

Rose disait, en parlant du cheval qu’elle montait : « Bijou n’avance point ce soir ; je crois bien qu’il n’a eu ni à manger ni à boire, depuis ce matin, chez ces voleurs d’aubergistes. Heureusement que nous voici près d’une mare, où il va pouvoir se désaltérer. » Et, tout en caressant la bête de la main et de la parole, elle la dirigea vers la carrière abandonnée.

La lune, qui, à ce moment, se montrait entre deux nuages, éclaira subitement la figure de la jeune fille, et Pierre Sauvage crut remarquer qu’elle l’avait aperçu, car son regard était fixé sur la broussaille où il était blotti. Il voulut s’enfoncer plus avant dans les ronces, mais son pied glissa sur l’herbe glacée, et il tomba lourde-