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HENRI CORNÉLIS AGRIPPA

très lié, que je place au nombre de mes meilleurs amis. C’est un homme d’une honnêteté rare, très studieux lui-même et grand ami des hommes d’études. Il serait impossible de dire à quel point il possède ces qualités, et il serait difficile de s’imaginer à quel point il admire votre savoir. Il désire ardemment vous connaître, se lier avec vous d’une étroite amitié. Si vous m’adressiez deux ou trois paroles à lui destinées, vous me seriez bien agréable. En outre, pour si peu de chose, vous vous attacheriez étonnamment un homme serviable et digne, croyez-moi, de prendre place sur la liste de vos amis.

Adieu, très cher Agrippa, aimez-moi toujours, aimez-moi encore.


LXII
Agrippa à un ami[1].

Bruxelles, 17 décembre 1531.

Déjà depuis longtemps, Augustin[2], physicien, homme très érudit et notre ami commun, me supplie de vous écrire, homme éminent. Le même service m’est demandé avec non moins d’instance par un personnage qui est auprès de vous, je veux dire par l’ambassadeur de Sa Majesté l’Empereur, Eustache Chapuys, homme aussi remarquable par sa vaste et sa saine science que par sa haute sagesse. Comme ils me vantent tous les deux votre courtoisie, votre vertu, votre probité, non moins que la bienveillance dont vous êtes animé envers moi, j’ai osé vous écrire cette lettre.

Si vous espérez y trouver quelque doctrine remarquable, quelque document précieux et nouveau, vous vous trompez il n’est rien venant de moi qui puisse être à la hauteur de votre dignité, de votre fortune, de vos vertus. Pour que vous compreniez pourtant quelle est ma bonne volonté et mon zèle à votre égard, je vous dirai que c’est déjà une habitude invétérée chez moi de vouer une amitié humble et fidèle à ceux à qui, en raison de leur mérite et de leur vertu, rien de grand en fait de services ne peut être rendu. Nous vous admettons volontiers au nombre de ces élus, et nous consacrons désormais tous les trésors de notre esprit au service de vos éclatants mérites.

Adieu. Daté de la Cour Impériale, marâtre des vertus et de tout art libéral.

P. S. Veuillez saluer en mon nom l’Ambassadeur de l’Empereur, l’illustre Seigneur Eustache. Je ne lui écris pas en ce moment, parce que je

    ouvrages une belle traduction des discours de Maxime de Tyr. Il avait été envoyé à Londres pour affaires diplomatiques et c’est à ce propos qu’il se lia intimement avec l’ambassadeur de Charles-Quint, Eustache Chapuys.

  1. Cette lettre est adressée à Pierre de Bardi, à Londres.
  2. Sans doute Augustin Fornari.