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SA CORRESPONDANCE

aller vous revoir et jouir des vastes trésors de votre esprit. Nous attendons de Grenoble nos règles et nos hardes avec l’angoisse de gosiers complètement sec. Adieu, soyez heureux et rappelez-vous votre Blancherose[1].

D’Annecy, en courant comme le vent.


XXX
Agrippa à Eustache Chapuys.

Lyon, 3 mai 1524.

Au milieu des hasards les plus divers, au milieu de tous les risques du sort, nous sommes arrivés à Lyon, cette ville où je puis jouir auprès d’anciens amis des plaisirs de l’intimité. Dans cette ville où je vais trouver largement appuis, occasions et moyens de réussir, je commence enfin à trouver l’honneur, la gloire et la fortune. J’ai laissé aussi à Fribourg des amis que je n’oublierai jamais. Au reste, j’attends du roi un envoyé qui doit me remettre en or le prix de ma pension même j’ai déjà reçu de son trésorier quelques pièces d’or à couronne pour m’installer chez moi. J’ai voulu vous apprendre tout cela sans retard ; plus tard je vous écrirai plus en détail.

Notre cher fils Haymon vous reste ; nous vous le recommandons. Je désire moi-même être recommandé à votre ami le seigneur Jean. Je vous prie de ne pas négliger mes tableaux, car, dans peu de temps, je vous enverrai de l’argent pour les racheter, et pour qu’ils me soient restitués[2]. Votre commère vous salue et vous souhaite toutes sortes de bien. Nous saluons tous les vôtres. Portez-vous bien.


XXXI
Agrippa à Eustache Chapuys.

Lyon, 1524.

Je m’afflige, mon révérend Père, d’être soupçonné de négligence à votre égard, parce que j’ai différé quelque temps de vous écrire. Cependant j’espère facilement en mon pardon, car cela ne s’est pas produit par oubli de ma part, et ma fidélité envers vous n’en est pas moins demeurée constante. En effet, j’avais résolu de vous envoyer des lettres détaillées sur les

  1. Cette lettre verbeuse est suivie d’un quatrain latin dirigé contre les adversaires d’Agrippa.
  2. Agrippa, pressé par le besoin, avait mis en gage, sous forme de vente à réméré, des tableaux de valeur.