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HENRI CORNÉLIS AGRIPPA

lesquels nous vous remercions, mon épouse et moi. Je vous aurais envoyé la Cosmographie de Ptolémée, que je vous avais promise. Mais voici que Martin (le Peintre) à qui je l’avais prêtée volontiers, il y a tantôt huit mois, ne me l’a pas encore rendue. Ne pensez pas que je mets ce prétexte en avant pour ne pas vous donner ce que je vous avais promis. Vous savez que je tiens scrupuleusement ce que j’ai promis. S’il ne me l’a pas rendue avant la foire prochaine, vous en recevrez une autre de moi, à votre choix, telle que vous l’aurez choisie chez les libraires.

Voilà bientôt trois mois que je suis si tourmenté, si torturé, par un rhumatisme articulaire que je suis presque atteint de la rage. Je ne suis pas même sûr d’en être encore quitte, bien que les douleurs soient moins poignantes. Cependant, il m’est encore impossible de marcher. Si vous saviez quelque remède efficace, je vous en prie, communiquez-le à votre ami, ami le plus sincère, je puis le dire. Lorsque l’occasion se présentera, je vous rendrai la pareille.

Il n’y a rien ici de nouveau digne d’être cité. En attendant, si vous avez besoin de quelque chose, usez et abusez de moi comme vous l’entendrez. Parmi tous ceux que vous avez de plus attachés, il n’en est pas qui vous le soient davantage que Conrad. Mon épouse vous dit mille choses ainsi qu’à la vôtre. Adieu, et, selon votre bonne habitude, mettez-moi au nombre de vos meilleurs amis.


XL
Un ami[1] à Agrippa.

Cognac, le 11 mai 1526.

Si j’ai tardé jusqu’à ce jour à vous écrire, c’est l’absence de notre trésorier Barguin qui en a été la cause. Il aime passionnément la littérature et les littérateurs il m’a promis de faire en sorte que l’argent de votre pension vous fût payé à Lyon par Martin de Troyes aussi bien en votre présence qu’en votre absence.

La Reine[2] notre maîtresse ne refuse pas de faire quelque chose pour vous, selon vos désirs, mais elle traîne la chose en longueur ; ne pensez pas qu’elle mette plus de promptitude pour mes propres affaires que pour les vôtres. Je les solliciterai l’un et l’autre et je presserai Barguin de penser à vous le plus tôt possible. On dit que notre Roi, après un séjour à Paris, se rendra à Chambéry pour s’acquitter de son vœu au Saint-Suaire il sera plus facile alors d’agir dans vos intérêts.

Je n’ai pas reçu la lettre où vous me parliez des ouvrages de Calone.

Nous avons été jusqu’à ce jour et nous sommes encore en voyage. Oh l’insipide voyage ! Plût à Dieu que je puisse me reposer loin des tempêtes

  1. C’est très probablement Jean Chapelain, médecin, comme Agrippa, de la Reine-mère, Louise de Savoie.
  2. Louise de Savoie.