Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/145

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de la chimie. On étendit cette manière de voir aux sels, qui furent considérés comme des produits de substitution, où l’hydrogène de l’acide était remplacé par un métal. Ce schéma faisait violence à la nature indiscutablement dualiste des sels, mais on ne le remarqua pas alors, parce que tout l’intérêt se concentrait sur les combinaisons organiques. Chaque jour y ajoutait de nouveaux corps et de nouvelles transformations, et il était urgent de mettre un peu d’ordre dans cette exubérante richesse.

Peu à peu pourtant, la théorie des types commença à se disjoindre. Le germe de sa ruine gisait dans l’ambiguïté de ses schémas. On pouvait, si l’on voulait, assimiler à un type quelconque toute combinaison un peu complexe. C’est sur les types eux-mêmes que cela se voit avec le plus de netteté. On peut regarder l’eau comme un produit de substitution de l’hydrogène, un des atomes de cet hydrogène étant remplacé par l’hydroxyle O HH = H (OH). De même, on peut à volonté faire rentrer l’ammoniaque dans le type hydrogène ou dans le type eau : H (Az H2) ou (Az H) HH . Ainsi, bien qu’ils continssent systématiquement un nombre régulièrement croissant d’atomes d’hydrogène, les types avaient quelque chose d’arbitraire, qu’il était nécessaire d’écarter pour supprimer cette ambiguïté inutile.