Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/285

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de platine et la pierre brune ou bioxyde de manganèse n’étaient pas les seuls corps possédant cette action remarquable ; la fibrine, fraichement extraite du sang, était tout aussi active, et décomposait l’eau oxygénée sans éprouver elle-même aucune modification ; l’oxygène se dégageait tout simplement sous forme gazeuse et il restait de l’eau.

Ces faits eux aussi furent enregistrés sans que la science pût formuler le moindre mot d’explication.

En ce temps-là vivait à Iéna un chimiste nommé Döbereiner, expérimentateur zélé, qui avait fait et décrit beaucoup de recherches intéressantes. Présentant de la mousse de platine à un jet d’hydrogène dans l’air, il observa qu’elle devenait incandescente, et, dans certaines conditions, pouvait enflammer le jet. Les allumettes n’existaient pas encore, et nous pouvons à peine aujourd’hui nous représenter la situation : quand on voulait faire du feu, il fallait prendre un morceau d’acier, une pierre, de l’amadou, et des fils de soufre, à moins qu’on voulût se servir des briquets phosphoriques, d’invention récente, qui, la plupart du temps, ne marchaient pas, ou donnaient lieu à des explosions inattendues. Cette nouvelle façon commode et pratique d’avoir du feu plut extraordinairement à Döbereiner, qui construisit un petit appareil à hydrogène, muni d’un régulateur automatique, sur lequel il installa près du robinet un peu de mousse de platine : à l’ouverture du robinet la