Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/33

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poids d’un système fermé, c’est-à-dire ne pouvant ni acquérir ni perdre de corps pondérables, mais c’est lui qui a reconnu l’extraordinaire importance de cette loi en chimie ; dans toute sa lutte contre la théorie du phlogistique, il s’appuie sur l’incompatibilité de cette théorie avec la loi de la conservation des poids.

D’ailleurs, la conception de l’élément chimique de Lavoisier repose absolument sur la même loi : un élément est une substance qui ne peut être décomposée en substances plus simples. Mais à quoi reconnaît-on qu’une substance B, qu’on peut préparer chimiquement en partant d’une substance A, est plus simple ou plus complexe que cette dernière ? Tout simplement à ce que l’on ne peut obtenir avec une substance simple que des produits qui pèsent plus qu’elle, tandis qu’une substance composée peut donner des produits qui pèsent moins qu’elle, s’ils sont des substances simples. Si le poids d’un corps A augmente dans toutes les transformations, cette substance est un élément. Ainsi le poids se rattache à la notion d’élément. Et pourtant le créateur de cette notion introduit des éléments impondérables à côté des éléments pondérables et se met ainsi lui-même en contradiction flagrante avec son idée directrice.

Si étonnant, si impossible que cela paraisse, le fait se reproduit toujours, et nous aurons plus tard l’occasion de répéter maintes fois cette obser-