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que le radium se transformait en hélium, qu’il y avait passage d’un élément dans un autre.

Nous avons affaire ici à une véritable transmutation, de celles que les alchimistes ont en vain cherché à produire. La loi de conservation des éléments n’est plus valable en toutes circonstances et exige une restriction. Cette conclusion n’est, d’ailleurs, pas absolument surprenante pour ceux qui se sont occupés de la systématisation et de la classification des lois naturelles. Pour eux, la loi de conservation des éléments fait partie d’un groupe de lois de conservation, et quelques-unes de ces lois ne sont déjà plus des lois absolues. Les grandeurs[1] qu’elles concernent se conservent dans la plupart des réactions, mais partout il y a des exceptions, les unes prouvées, les autres vraisemblables, et cela fait songer pour ces grandeurs à une loi de transformation plus générale encore, qui, du reste, n’est encore ni trouvée, ni exprimée.

Tout récemment, Ramsay a établi d’autres faits surprenants. Le produit gazeux qu’émet directement le radium, l’émanation, conservée pure et à l’état libre, donne, comme on l’a vu, de l’hélium. Si, au contraire, elle est mise au contact de l’eau, il se forme un autre élément gazeux, le néon, et, en présence de sels de cuivre ou d’argent, se constitue un troisième élément, l’argon. En même

  1. Ce sont les grandeurs de capacité des différentes sortes d’énergies.