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rencontre. L’homme serait jusqu’ici sur cette terre, le mode de vie qui offrirait la moindre résistance à ce fluide que les religions appelèrent divin. Est-il vraisemblable quand nous trouvons éparse dans la vie une telle somme d’intelligence que cette vie ne fasse pas œuvre d’intelligence, c’est-à-dire ne poursuive pas une fin de bonheur, de perfection, de victoire sur ce que nous appelons le mal, la mort, les ténèbres, le néant, qui n’est probablement que l’ombre de sa face, de son propre sommeil. »[1]

6o D’autre part, les vues sur la spiritualisation de la matière, en pénétrant aujourd’hui dans les sciences, ouvrent de larges perspectives à l’évolution humaine dirigée.

« Les électrons eux-mêmes, écrit Veronet, nous apparaissent comme des agrégats de super électrons encore plus impondérables et moins matériels que les premiers. À la limite il nous semble que le pondérable et l’impondérable se fondent en une même réalité, que la matière et l’esprit même, qui nous paraissent à première vue comme deux pôles divergents et opposés, ne sont au fond que deux faces différentes de la même et unique Réalité. »

7o Il arrive un point, un moment, un lieu où l’homme n’est plus une personnalité, mais le support de ce qui n’est pas lui. Au point de vue physique, c’est un agent, mécanisme producteur et consommateur, une unité statistique d’un grand système qui fonctionne autonomement et quasi par lui-même. Au point de vue mental, c’est un idéophore.

L’idée qui doit déterminer en lui connaissance, sentiment et volonté, c’est du dehors qu’elle paraît en lui toute faite et mécanisme mental maintenant, comme tout à l’heure mécanisme physique, l’idée va agir en lui et par lui sur le corps matériel et psychologique de la société.

  1. Maeterlinck, L’Intelligence des fleurs, p. 105 et 107.