Page:Otlet - Monde - 1935.djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 192 —

fait pas expression d’un système juridique, mais ayant supprimé la liberté, le syndicalisme, le self government, il se fait le dispensateur arbitraire de la charité publique. Ainsi à Rome anciennement : Panem et circenses.

Les problèmes charitables se sont internationalisés sous deux rapports : de grands congrès en étudient les conditions en commun ; des gouvernements qui ont fait appel à la S. D. N. pour sauver leurs finances, on a dit qu’ils étaient passés au rang des assistés internationalement. La charité, avec l’aumône faite en son nom, a été longtemps le seul principe modérateur des égoïsmes déchaînés. Il a fallu obvier par le droit à son insuffisance et à son arbitraire.

JUSTICE.


La justice distributive est une incompressible aspiration de l’être humain. Tout jeune, l’enfant en manifeste déjà l’instinct. Mais qu’est-ce que la justice ? Trois conceptions sont en présence : 1° la justice quelle qu’elle soit d’un chef ou d’un père de famille attribuant à chacun selon que bon lui soit et sans avoir à rendre compte ni à s’expliquer, pouvant la justifier, être parfaitement en accord avec la raison ou s’en éloigner (passion, préjugé) ; 2° l’égalité à l’extrémité opposée de l’arbitraire ; 3° la proportionnalité aux besoins de la fonction. Une société est d’autant plus parfaite que ses éléments sont plus différents. Les peuplades qui ne connaissent que la chasse et la pêche, végètent sans histoire ; que serait notre civilisation s’il n’y avait que des juristes et des médecins, voire des mineurs et des tâcherons ? La manière de vivre des uns et des autres se différencie par leurs fonctions. Selon le Thomisme, chacun a droit à tout ce qui lui est nécessaire pour réaliser sa finalité.

Entre États la justice distributive prend une signification singulière. Tels États possèdent de grands territoires avec tous les avantages du climat et de la production naturelle, alors que tels autres sont à la portion congrue, sous un ciel froid ou torride, avec pour toute possession