Page:Otlet - Monde - 1935.djvu/269

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en leurs évolutions, agissent l’un sur l’autre. De nouveaux principes sont nécessités par des conditions et des besoins nouveaux ; à leur tour ceux-ci suscitent de nouvelles conceptions. L’idée de la puissance intellectuelle doit être le dogme fondamental de la sociologie pratique. Le progrès ne se réalise que par l’intervention voulue de l’homme. C’est la coordination primitive et la succession déterminée des causes qui ont amené l’humanité et chacune des sociétés particulières à son état présent. Cela est certain et conforme aux lois du déterminisme ; mais ce qui n’est pas moins certain, c’est que, parmi toutes les causes, la cause capitale, absolument prépondérante est l’activité intelligente des hommes. Il appartient à la Science de fournir la conception de la vie et de ses valeurs, la conception de l’homme, de sa place dans l’univers, de ses possibilités ; il lui appartient aussi de fournir l’explication de l’univers pour permettre aux humains de dominer la nature et de s’assurer la puissance sur elle. C’est le devoir de l’Éducation de former des hommes comprenant ces conceptions, et voulant les disciplines appropriées à l’action collective. Sur la Science et sur l’Éducation, aux fonctions ainsi définies, doit reposer le Régime démocratique, gouvernement conforme aux données scientifiques et réalisées par les intéressés eux-mêmes.

INTERDÉPENDANCE. POUVOIR SPIRITUEL.

Entre toutes les manifestations de la vie intellectuelle, les unes spontanées, les autres réfléchies, entre les langues, les religions, les sciences, les lettres, les arts, les moyens de diffusion de la pensée et de formation des masses, l’éducation, le livre, la presse, il existe des liens de dépendance. À ces forces psychologiques supérieures, il appartient de gouverner de plus en plus les sociétés. Elles doivent faire apparaître aux hommes la véritable échelle des valeurs des biens, les amener à hiérarchiser leurs besoins, leur présenter des idéals élevés car la vie n’a pas épuisé ses possibilités avec le boire, le manger, le dormir, le vêtir, le reproduire. Essentiellement