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quelle que soit l’opinion qu’on se fasse de celle-ci ; b) que là réside le devoir religieux par excellence ; c) qu’il suffit de l’accomplir sincèrement pour assurer son salut dans toutes les églises et même en dehors d’elles ; d) que chacun reste libre d’y ajouter telle croyance et telles pratiques qui lui conviennent, pourvu qu’elles n’en contredisent pas les obligations morales et sociales.


IRRÉLIGION ET LAÏCISATION.

À côté de tous ces mouvements religieux, parallèlement à eux, s’effectue le grand mouvement de rationalisation, de laïcisation, d’irréligion.

Les gouvernements primitifs sont presque tous théocrates. En Grèce et à Rome les tendances temporelles prédominent. La religion qui avait enfanté l’État, et l’État qui entretenait la religion, se soutenaient l’un l’autre et ne faisaient qu’un. Ces deux puissances, associées et confondues, formaient une puissance presque surhumaine à laquelle l’âme et le corps étaient également asservis (Fustel de Coulanges). L’avènement du catholicisme entraîne la division du pouvoir temporel d’avec le pouvoir spirituel. Mais non sans que des luttes ardentes soient intervenues pour mettre les choses au point. Toute la théorie de l’Église catholique sur l’étendue de la puissance ecclésiastique se formule à l’occasion de la querelle des investitures. Actuellement les États chrétiens proclament l’autonomie du pouvoir civil et garantissent la liberté de conscience, bien que certains d’entre eux se soient subordonnés l’Église. De véritables théocraties subsistaient aussi à la veille de la guerre mondiale : les empires mahométans.

La religion catholique a eu deux sortes de luttes à supporter : l’antichristianisme ou guerre dans les doctrines ; l’anticléricalisme ou guerre à l’Église, surtout dans les actes officiels et les lois.

En France, la première a son libre cours sous le second empire ; la seconde se déchaîna sous la troisième république, depuis le jour (4 mai 1877) où Gambetta prononça cette parole fameuse : « Le cléricalisme, voilà