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La Conception du Monde
Généralités et vue d’ensemble


Le Monde à nos yeux se présente comme une multiplicité et une variété.

Pour pouvoir penser, agir sur lui, être simplement ému par lui, il nous le faut énumérer, dénommer, décomposer, classer, mesurer, recomposer, faire ou voir faire avec ses éléments des composés nouveaux. Placé devant le panorama des choses, expression la plus générale pour désigner tous ces éléments particuliers dont se constitue l’ensemble, nous percevons des substances, des êtres, des phénomènes, envisagés soit en eux-mêmes, soit dans des milieux. Être connaissant, sentant, agissant, notre Moi, ainsi constitué et perçu directement par notre conscience, pose immédiatement l’opposition entre ce qui est lui et non lui, entre le moi sujet et le moi objet. L’un agit sur l’autre ; il y a action réciproque. Mon moi personnel, ma personnalité me fait considérer parmi les choses au dehors de moi, d’autres êtres et, selon que je les « anime » à mon image ou à celle d’autres types, je les tiens ou pour des personnes ou simplement pour des individualités et des entités.

Les réalités extérieures nous présentent la Nature (le ciel, l’air, l’eau, la terre) ; l’Homme avec les sexes, les races et les classes ; la Société où la population groupée en nations ou en associations œuvre ensemble sur un territoire, y fait naître et organise une vie qui s’étend à la Santé, à l’Économique, au Social, au Politique, aux rapports Intellectuels et Religieux.

Cependant, tout se meut : par suite tout change et rien ne demeure constamment stable. Aussi, après avoir reconnu et posé la substance, toutes les classes de la substance, sommes-nous forcés d’y ajouter le Mouvement. Celui-ci sous toutes ses formes : pour l’objet et