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La science, elle, donne une autre réponse. Elle s’appuie sur toutes les disciplines en lesquelles elle a incorporé et systématisé les faits observés au cours des siècles et les théories qu’elle en a déduites (anatomie, physiologie, zoologie, paléontologie, anthropologie et psychologie). L’homme est, pour la science, le dernier terme d’une longue série d’êtres qui parurent successivement sur la terre et procédèrent les uns des autres par voie d’évolution. Le corps de l’homme est constitué par un nombre prodigieux de cellules agencées et différenciées à la façon des briques d’une maison : environ trente trillions de cellules. Chacune de celles-ci mesure quelques millièmes de millimètres et forme elle-même un microcosme, d’une complexité extrême de structure et de composition, dans lequel on distingue deux parties essentielles : le protoplasma et le noyau. L’ensemble des cellules d’un même type constitue ce qu’on appelle un tissu ; les divers tissus s’associent pour former un organe dont le rôle est bien déterminé. L’union des cellules entre elles dans un organe est assurée par des produits spéciaux qui sont le résultat de leur activité propre. Enfin plusieurs organes contribuent à l’accomplissement d’une même fonction et forment un appareil. Les principaux appareils sont ceux de la digestion, de la circulation, de la respiration, du mouvement ; l’appareil d’excrétion et l’appareil nerveux. La dépendance réciproque de ces différents appareils est complète, et l’activité de l’homme dépend à la fois du travail de chaque organe et du travail de l’ensemble. Les milliards d’individualités distinctes (cellules) forment ainsi des associations multiples et différenciées dans la machine humaine. L’harmonie qui règne entre elles est assurée par le système nerveux, chargé de relier entre eux tous les éléments cellulaires, de même que tous les organes. Il tient sous sa dépendance toutes les multiples activités dont l’ensemble contribue à assurer la productivité humaine. L’activité humaine, quelle qu’en soit la nature, est le résultat de l’activité des cellules. La vie est en réalité une oxydation, le travail de toute cellule s’accompagnant toujours de combinations plus ou moins intenses, qui sont la source de l’énergie dépensée, et se font à l’aide de deux éléments : le charbon (carbone) et l’oxygène. L’âme de l’homme est la fonction consciente (introspective) d’une partie du grand cerveau humain[1].

2. Comment l’évolution humaine se rattache-t-elle à l’évolution générale des êtres ?

  1. « Elle est assise en plein sur le subconscient qui nous paraît inconscient, car, quoique inscrit (engraphé} dans le cerveau, ce subconscient, est oublié ou n’a même jamais paru au seuil de notre conscience ; du moins nous ne le savons plus. » — Auguste Forel, L’âme et le système nerveux (1907) ; Psychologie comparée, théorie de la mnême et déterminisme (1910). — Seemon, Richard, The mneme. Die mnemischen Empfindungen.