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par l’urgence du besoin et la contrainte morale. L’association comme moyen d’amener le règne de la justice sociale. L’État donnant un concours d’ordre général préventif, et même actif s’il y a nécessité. Enfin, le remède suprême à la crise c’est le retour à la religion et la pratique de ses lois. Dans une lettre de Léon XIII à M. Decurtins, en 1895, envisageant l’opportunité d’une convention internationale, il déclarait que « sans cette législation générale, la protection donnée au travail ne servirait qu’à enrichir une nation au préjudice de l’autre[1] ».

Ainsi l’encyclique a apporté quelque chose de nouveau à ceux qui prétendent que la question sociale est une question morale, et que les remèdes aux maux les plus cruels qui travaillent l’humanité se trouvent tous dans l’Évangile.

L’encyclique Graves de communi, publiée le 18 février 1901, est venue préciser le sens et les limites du nom de Démocratie chrétienne.

293.4. CONTRÔLE DÉMOCRATIQUE DES AFFAIRES INTERNATIONALES. – 1. En quoi le pouvoir autocratique a-t-il contribué à provoquer la guerre ? Comment le contrôle de la politique internationale doit-il être démocratisé ? Cette question se pose dans tous les pays. La politique internationale de tous les gouvernements a été conduite d’après des méthodes surannées. Elle est demeurée le monopole des chefs d’États assistés de quelques ministres, aidés eux-mêmes par des diplomates recrutés parmi une aristocratie de naissance.

« Il fut un temps, pas très lointain, hélas ! où on considérait la politique étrangère comme sorte de science hermétique, réservée à des spécialistes, comme la chimie, la préhistoire et le droit canon. On avait sur les pays voisins ou lointains des vues brèves et schématiques, généralement acquises dans la lecture des romans, des revues illustrées et dans l’audition des opérettes internationales. Et quand, dans les Parlements, on parlait de l’Orient, de l’Afrique ou de l’Adriatique, la plupart des députés gardaient le plus prudent des silences, comme s’il s’agissait de Smerdis le mage ou du Masque de fer. Cette ignorance systématique allait même parfois très haut, et on a connu des présidents du conseil qui affectaient de se désintéresser des questions extérieures et d’en laisser toute la responsabilité à leur ministre des affaires étrangères[2] ». Ces questions aussi ont été traitées comme une matière secrète. Les peuples ne sont mis au courant des alliances et des conflits qu’après que les faits ont eu lieu. On ne les consulte pas sur la paix, encore moins sur la guerre. La presse aussi demeure souvent dans l’ignorance des crises jusqu’à ce qu’elles aient atteint un degré aigu. La politique étrangère

  1. Georges Goyau, Le pape, les catholiques et la question sociale. – Anatole Leroy-Beaulieu, La papauté, le socialisme et la démocratie.
  2. Le Temps.