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Reportxxxx 175
Guerres causées par des rivalités d’influence politique 023
Guerres commerciales 005
Guerres civiles 055
Guerres de religion, en y comprenant les croisades
00contre les turcs et hérétiques
028
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Totalxx 286

Dans cette énumération ne sont comprises ni les insurrections, ni les luttes partielles, ni les guerres engagées entre les peuplades « sauvages ». D’après G. de Molinari, ce relevé manque de précision et les guerres auxquelles il est fait allusion peuvent se ramener à quatre catégories : les guerres religieuses, politiques, commerciales et civiles.

À un autre point de vue on peut considérer la période qui va de Charlemagne à Napoléon comme le millénaire des guerres « constitutionnelles ». Huit siècles furent consacrés aux guerres destinées à consolider la monarchie et l’accession au trône, et deux siècles, depuis l’exécution de Charles Ier d’Angleterre (1649) jusqu’à la constitution de l’empire d’Allemagne (1849) furent consacrés aux guerres pour le triomphe de la démocratie[1].

Quelques autres constatations sont à enregistrer.

« Les causes des guerres, ce n’est pas dans le passé qu’il faut les chercher » c’est dans l’avenir (Cavour). — « On a dit qu’une fois par siècle il y avait une grande explication, une grande liquidation, pour répartir à nouveau l’influence, la puissance et la possession du globe (v. Bülow). » — La guerre est en général l’œuvre des minorités, sinon l’œuvre d’un seul.

Il faut compter parmi les causes de guerres l’existence dans toute la société d’éléments aventureux : les hommes qui ne se soucient pas de l’ordre établi et rêvent conquête et plans grandioses. L’histoire est faite en partie de la réalisation de ces plans aventureux. — Il faut tenir compte du rôle du sentimentalisme, de la passion dans les peuples. Ce rôle est énorme. Les traditions de la Rome impériale ont agi efficacement pour rendre populaire à la nation italienne l’offensive qui a conduit à la Tripolitaine et aujourd’hui à la guerre contre l’Autriche. Pour s’enrichir uniquement il eut suffi à l’Allemagne de continuer son système pendant la paix. Nous sommes aussi en face d’une Amérique où le sentiment dit son mot dans les affaires publiques.

On peut distinguer les guerres en offensives, préventives et défensives. On peut aussi faire une distinction, souvent bien difficile à établir, entre « guerres légitimes » et celles qui ne le sont pas. La défense de l’individu ou des individus est légitime contre toute attaque non justifiée par l’intérêt général du progrès de l’humanité tout entière, no-

  1. Robert Piloty, La vie internationale, tome V, 1914, page 202.