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INVENTAIRES. CATALOGUE

1922) qu’il faudrait 4,000 pages pour analyser, résumer annuellement tous les travaux de chimie et que cela coûterait 90,000 fr. à la Conférence de la Library Association (Blackpool, sept. 1928) une discussion a eu lieu sur le sujet « Book reviewing ». Introduit par un rapport de M. C. Squire, il a été dit entre autres que la première condition pour analyser un livre c’est… de l’avoir lu.

h) On a préconisé l’« Auto-referat », publication de résumés faits par les auteurs eux-mêmes de leurs mémoires. Ces résumés sont publiés, en même temps que le mémoire original et éventuellement avec traduction en espéranto ou une autre langue. La Fédération Dentaire Internationale a établi une méthode d’analyse bibliographique très détaillée avec modèles et commentaires (Bulletin de la Fédération dentaire internationale, 1928. p. 4)

i) Graduellement s’est constituée une technique du Résumé. Elle a été décrite dans maintes instructions rédigées par les collaborateurs des publications qui les publient.[1] Les recommandations suivantes s’en dégagent : 1° longueur du résumé établi à 3 % de l’original ; 2° style direct, évitant les mots qui ne sont pas nécessaires, les circonlocutions ; 3° bien distinguer ce qui est nouveau, original et accroît la science des autres parties (compilations des faits, résumés de littérature, bibliographies). Nouvelles applications ou nouvelles circonstances d’applications de faits ou principes communs, nouvelles interprétations, théories ou hypothèses. Résumée d’information plutôt que descriptifs ; résultats obtenus ; 4° établir l’index des recueils de résumés d’après les résumés et n’y insérer que ce qu’ils contiennent ; 5° limiter le résumé des livres au point de vue, au but, à la caractérisation du contenu, à l’indication de ce qu’ils contiennent de neuf ; 6° tendre vers une standardisation, mais tenir compte qu’elle dépend des matières. Par ex. en sciences, c’est plus facile en taxonomie que dans le domaine donnant lieu à expérience ; en technique les brevets ont leurs revendications (ou claim) ; 7° diriger les lecteurs par les résumés vers les livres et les articles, d’abord vers ceux qui doivent retenir leur attention à raison de la nouveauté ; faire servir aussi le résumé à l’information de qui n’a pas accès aux ouvrages analysés ; 8° dégager dans chaque branche de science divers ordres de données qu’il y a lieu de suivre et d’indiquer dans les analyses. Ainsi, en ce qui concerne la Taxonomie, la Faunistique et la Floristique, voir Biological Abstracts.[2]

255.6 Citations La Bibliographie dans les ouvrages.

a) Les ouvrages d’érudition et de science se présentent avec leur appareil bibliographique dans le texte, au bas des pages, au commencement ou à la fin des chapitres ou en une liste placée en appendice et classée soit dans l’ordre des chapitres, soit en un ordre unique de classement numérique, chronologique ou alphabétique. La citation est un moyen de preuve et de contrôle. Seuls les poètes cachent à leurs commentateurs la source de leur inspiration et de leurs allusions et n’accompagnent pas leurs vers d’indications bibliographiques.

b) Délivré de ces immenses lectures sous lesquelles l’imagination et la mémoire sont également écrasées, les anciens avaient peu de documents à consulter ; leurs citations ne sont presque rien, et quand ils renvoient à une autorité, c’est presque toujours sans indication précise. Hérodote se contente de dire dans son premier livre Cléo qu’il écrit d’après les historiens de Perse et de Phœnicie ; dans son second livre Euterpe, il parle d’après les prêtres égyptiens qui lui ont lu leurs annales. Il reproduit un vers de l’Iliade, un passage de l’Odyssée, un fragment d’Eschyle : il ne faut pas plus d’autorité à Hérodote ni à ses auditeurs des jeux olympiques. Thucydide n’a pas une seule citation : il mentionne seulement quelques chants populaires. Tites-Live ne s’appuie jamais d’un texte, des auteurs, des historiens rapporteurs, c’est sa manière de procéder.[3]

c) La citation est souvent abrégée et l’on a discuté les moyens d’y parvenir. Ainsi pour l’Écriture Sainte, il y a une méthode conventionnelle (Matt. VI, 7) ; pour les incunables la référence prend par ex. la forme (Hain, 10.029). Il faut condamner les « loc-citato » ou loc. cit. (ouvrage cité) qui obligent à remonter de page en page.

d) On a critiqué la méthode des citations. Les uns disent « Les citations n’ont que la signification d’une opinion que l’on partage et qu’on ne saurait mieux exprimer ». Les autres combattent la méthode des citations parce qu’elle présente d’insurmontables difficultés. « Si vous êtes capables de repenser les questions, vous ne pouvez pas ne pas les transformer. Alors les citations vous jugulent. La méthode des citations donne au texte dix fois la longueur raisonnable. La moindre idée aujourd’hui est explorée, le nombre de mémoires grossit. Vous astreignant à citer, vous répétez vingt fois la même chose par

  1. Guide for collaboration in the preparation of abstracts for Biological abstracts, 1928, 12 p. avec modèles.
  2. Sources : V. J. Jastrow a étudié théoriquement les règles des Jahresberichte Handbuch zu Litteratur berichten, Im Anschluss an die Jahresberichte der Jahreshcrichte der Geschichtwissenschaft, Berlin, 1891, in-8 — A. S. L. I. B a réuni une collection d’instructions remises à leurs analystes par certaines publications. Elle en a discuté la méthode dans ses réunions Aslib Information, June 1933). — Rosenhain, Dr. 1928. Scientific Abstracting (A. S. L. I. B. Bulletin). — Ahren, Wilhelm. Ein Vorschlag für das Buchbesprechungewesen. Börsenblatt f, den D. Buch. 89. 1922. S. 877-881 — Savage and Baker. Manual of Descriptive Bibliography for Library Catalogue, London, Library Supply Cy. — Picard Edmond. Comment doivent être rédigés scientifiquement la notice et l’argument d’une décision judiciaire. Pandectes Belges, introduction, 1886.
  3. Chateaubriand. Études ou discours historiques sur la chute de l’Empire romain. Préface, p. 10.