Page:Ott - Hegel et la Philosophie allemande, 1844.djvu/12

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çais à même de les juger en pleine connaissance de cause.

Notre intention n’est donc pas de propager parmi nous la philosophie allemande, mais seulement de la faire connaître. Nous ne voulons nullement ravaler les travaux scientifiques de l’Allemagne, ni méconnaître la puissance de ses penseurs. Mais autre chose est d’admirer la hardiesse d’un système, l’effort intellectuel qui l’a engendré, l’enchaînement rigoureux des parties dont il se compose ; autre chose est d’en accepter le point de départ ; la méthode et les résultats. La philosophie allemande n’est pas un fait isolé dans l’histoire moderne ; elle est l’expression de l’esprit même du peuple allemand, de ses croyances religieuses, de ses tendances morales. Ces tendances ne sont pas celles de la France. La France est une nation catholique ; chez elle, prédominent les sentiments d’unité, les idées sociales ; dans les croyances françaises, l’individu est subordonné à la société, le moi n’est qu’un point de la circonférence, la raison de chacun doit se soumettre à la raison de tous. L’Allemagne, au contraire, est la patrie du protestantisme, de l’esprit de division et de séparation ; chez elle le moi