Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/220

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que des cris partirent, le parterre se leva, et de nouveaux bravos où son nom était mêlé éclatèrent encore de toutes parts. Clémence promenait autour d’elle des regards enivrés. H… salua de la tête, et fut obligé de se retirer. Aussi bien l’heure s’avançait ; il proposa à M. Sorel de les mener chez lui où ils trouveraient du monde.

En effet, le salon de H… était déjà plein d’une foule amie qui s’empressait à le féliciter. Il y avait là des chanteurs célèbres ; on fit de la musique, on joua ; ce fut une petite fête. H… jusqu’alors n’avait parlé que des yeux à Clémence, et s’étonnait presque de trouver tant d’écho dans les siens ; il ne la savait pas déjà si bien instruite.

Au milieu de ses succès et de circonstances si différentes, il demeurait encore timide et tremblant comme autrefois ; il s’était assis à côté d’elle et lui parla enfin des choses passées ; puis, comme tout le monde était occupé aux conversations et aux jeux, il lui prit la main et la conduisit à une porte ouverte sur le perron du jardin. Ils étaient seuls et dans l’ombre. Là, d’une voix émue, il lui raconta son amour, ses souffrances, ses progrès, qu’il avait toujours pensé à elle, qu’il avait tout obtenu pour elle, et dans l’espoir de s’en rehausser un jour à ses yeux, et qu’à présent ces travaux, ces succès, cette gloire, tout lui appartiendrait aussitôt, si elle le voulait et si son père daignait consentir à la lui donner en mariage.

Clémence ne répondait rien, et sa poitrine oppressée, se soulevait ; elle laissait sa main dans celle de H…, et comme il répétait ses questions d’un ton pressant et passionné, elle tira en pleurant un papier de son sein. H… le saisit et l’examina à la clarté d’une fenêtre. Ce papier était an-