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experte comme madame Lescot, qu’il n’était pas besoin de presser de questions sur le compte de ses locataires.

— C’est le capitaine Ronquerolles, dit-elle, un homme bien à plaindre et bien respectable, quoique…

Elle se frappa le front du bout du doigt, entre les boucles symétriques et inamovibles d’un tour de cheveux blonds.

— Comment, est-ce qu’il est fou ?

Madame Lescot changea le mouvement de l’index, et lui fit décrire rapidement une infinité de cercles concentriques, ce qui lui semblait apparemment l’expression la plus juste d’un cerveau dérangé.

— Qui s’entend, ajouta-t-elle en guise de commentaire… il est fou… sans être fou… ce n’est pas un homme à faire des méchancetés… et du reste on lui rend bien ses bons procédés ; je n’ai jamais voulu qu’on l’attachât… mais il lui manque quelque chose dans la tête… le docteur appelle cela un monomane… mais, comme je vous dis, tranquille comme un agneau… jamais de bruit… on le mène comme on veut… excepté pour ses enfantillages. Vous lui avez vu ces petites bamboches qu’il achète, il en a plein sa chambre ; il ne faudrait pas qu’on y touchât. Entre nous, ça ne fait de mal à personne.

Pour en finir avec l’éloquence épisodique de madame Lescot, je vais résumer ses éclaircissements aussi brièvement que possible ; mais le lecteur y perdra sans doute quelques détails qui me rendirent très-touchante la biographie de cet homme.

M. Aimé Ronquerolles était un capitaine de dragons