Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/285

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occupe-toi d’abord de chercher celle que tu dois aimer ; ton second soin est de fléchir la femme qui t’a plu ; et le troisième, de faire en sorte que cet amour soit durable. Tel est mon plan, telle est la carrière que mon char va parcourir, tel est le but qu’il doit atteindre. Tandis que tu es libre encor de tout lien, voici l’instant propice pour choisir celle à qui tu diras : "Toi seule as su me plaire." Elle ne te viendra pas du ciel sur l’aile des vents ; la belle qui te convient, ce sont tes yeux qui doivent la chercher. Le chasseur sait où il doit tendre ses filets aux cerfs ; il sait dans quel vallon le sanglier farouche a sa bauge. L’oiseleur connaît les broussailles propices à ses gluaux, et le pécheur n’ignore pas quelles sont les eaux où les poissons se trouvent en plus grand nombre.

Toi qui cherches l’objet d’un amour durable, apprends aussi à connaître les lieux les plus fréquentés par les belles. Tu n’auras point besoin, pour les trouver, de mettre à la voile, ni d’entreprendre de lointains voyages. Que Persée ramène son Andromède du fond des Indes brûlées par le soleil ; que le berger phrygien aille jusqu’en Grèce ravir son Hélène ; Rome seule t’offrira d’aussi belles femmes, et en si grand nombre, que