Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/288

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elles ont trouvé, pour butiner, des plantes odorantes, voltigent sur la cime du thym et des fleurs ; telles, et non moins nombreuses, on voit des femmes brillamment parées courir aux spectacles où la foule se porte. Là, souvent leur multitude a tenu mon choix en suspens. Elles viennent pour voir, elles viennent surtout pour être vues : c’est là que vient échouer l’innocente pudeur.

C’est toi, Romulus, qui mêlas le premier aux jeux publics les soucis de l’amour, lorsque l’enlèvement des Sabines donna enfin des épouses à tes guerriers. Alors la toile, en rideaux suspendue, ne décorait pas des théâtres de marbre ; le safran liquide ne rougissait pas encore la scène. Alors des guirlandes de feuillage, dépouille des bois du mont Palatin, étaient l’unique ornement d’un théâtre sans art. Sur des bancs de gazon, disposés en gradins, était assis le peuple, les cheveux négligemment couverts. Déjà chaque Romain regarde autour de soi, marque de l’œil la jeune fille qu’il convoite, et roule en secret dans son cœur mille pensers divers. Tandis qu’aux sons rustiques d’un chalumeau toscan un histrion frappe trois fois du pied le sol aplani, au milieu des applaudissements d’un peuple qui ne les vendait pas