Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/324

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Chantez, chantez deux fois : "Io Paean ! ", la proie que je poursuivais est tombée dans mes filets. Que l’amant joyeux couronne mon front d’un vert laurier, et m’élève au-dessus du vieillard d’Ascra et de l’aveugle de Méonie. Tel le fils de Priam, fuyant à toutes voiles la belliqueuse Amyclée, entraînait l’épouse de son hôte ; tel aussi, ô Hippodamie, Pélops, sur son char vainqueur, t’emmenait loin de ta patrie.

Jeune homme, pourquoi te hâtes-tu si fort ? ta nef vogue en pleine mer, et le port où je te conduis est loin encore. Ce n’est pas assez que mes vers aient mis ton amante dans tes bras : mon art t’apprit à la vaincre ; mon art doit aussi t’apprendre à conserver son amour. S’il est glorieux de faire des conquêtes, il ne l’est pas moins de les garder : l’un est souvent l’ouvrage du hasard, l’autre est un effet de l’art.