Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/347

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languit dans une indolente torpeur, il faut, pour le réveiller, employer l’aiguillon de la jalousie. Donne des inquiétudes à ta maîtresse, et réchauffe son cœur refroidi ; qu’elle pâlisse à la preuve de ton inconstance.

Ô quatre, ô mille et mille fois heureux, celui dont la maîtresse gémit de se voir offensée ! À peine la nouvelle de son crime, dont elle voudrait douter encore, a frappé son oreille, elle tombe ; malheureuse ! la couleur et la voix l’abandonnent. Que ne suis-je l’amant dont elle arrache les cheveux dans sa fureur ! que ne suis-je celui dont elle déchire le visage avec ses ongles, dont la vue fait couler ses larmes, qu’elle regarde d’un œil farouche, sans lequel elle voudrait pouvoir, mais ne peut vivre ! Combien de temps, me diras-tu, dois-je la laisser en proie au désespoir ? Hâte-toi d’y mettre un terme, de peur que sa colère ne s’aigrisse en se prolongeant. Hâte-toi d’entourer de tes bras son cou si blanc et de presser sur ton sein son visage baigné de larmes. À ses pleurs donne des baisers ; à ses pleurs mêle les plaisirs de l’amour. Elle s’apaisera ; c’est le seul moyen de fléchir sa colère. Lorsqu’elle se sera bien emportée, lorsque la guerre sera ouvertement déclarée entre vous, demande-lui à signer sur son