Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/358

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d’abord nos narines délicates : elles s’y font à la longue et finissent par la supporter sans dégoût.

II est d’ailleurs des noms par lesquels on peut pallier les défauts. La femme qui a la peau plus noire que la poix d’Illyrie, dis qu’elle est brune. Est-elle un peu louche : compare-la à Vénus ; est-elle rousse : c’est la couleur de Minerve.

Celle qui, dans sa maigreur, semble n’avoir qu’un souffle de vie a la taille svelte. Elle est petite : tant mieux ! elle en est plus légère. Sa taille est épaisse : c’est un agréable embonpoint. Déguise ainsi chaque défaut sous le nom de la qualité qui en approche le plus.

Ne t’informe jamais de son âge, ni du consulat sous lequel elle est née : laisse le censeur remplir ce rigoureux devoir, surtout si elle n’est plus dans la fleur de la jeunesse, si la belle saison de sa vie est passée, et si déjà elle est réduite à s’arracher des cheveux gris.

Jeunes Romains, cet âge, et même un âge plus avancé, n’est pas stérile en plaisirs : c’est un champ qu’il faut ensemencer pour qu’il donne un jour sa moisson. Travaillez, tandis que vos forces et votre jeunesse le permettent : assez tôt, dans sa marche insensible, viendra la vieillesse caduque. Fendez l’océan avec la rame, ou les sillons avec la charrue ; armez du glaive meurtrier vos mains belliqueuses, ou consacrez