Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/372

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Que dirai-je des vêtements ? que m’importent ces riches bordures ou ces tissus de laine deux fois trempés dans la pourpre de Tyr ? Il est tant d’autres couleurs d’un prix moins élevé ! Pourquoi porter sur soi tout son revenu ? Voyez ce bleu azuré, pareil à un ciel pur et dégagé des nuages pluvieux que pousse le vent du midi ; voyez ce jaune d’or, c’est la couleur du bélier qui jadis sauva Phryxus et Hellé des embûches d’Ino ; ce vert a reçu son nom de l’eau qu’il imite : je croirais volontiers que c’est là le vêtement des Naïades.

Cette teinte ressemble au safran ; c’est celle du manteau de l’Aurore, lorsque, humide de rosée, elle attelle ses brillants coursiers. Là vous retrouvez la couleur du myrte de Paphos, ici l’améthyste pourprée, le rose tendre, la nuance des plumes de la grue de Thrace, ailleurs la couleur de tes châtaignes, ô Amaryllis ! celle de tes amandes, et celle de l’étoffe à laquelle la cire a donné son nom. Autant la terre produit de fleurs nouvelles, lorsque l’hiver paresseux s’éloigne, et que sous la tiède haleine du printemps la vigne se couvre de bourgeons, autant et plus encore la laine reçoit de teintures variées. Choisissez avec goût ; car les couleurs ne conviennent pas également toutes à toutes ;