Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/374

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nature : mon art n’est point pour vous avare de conseils utiles.

Il ne faut pas toutefois que votre amant vous surprenne entourée des petites boîtes qui servent à ces apprêts. Que l’art vous embellisse sans se montrer. Qui de nous pourrait, sans dégoût, voir le fard qui enduit votre visage tomber entraîné par son poids, et couler sur votre sein ? Que dirai-je de l’odeur nauséabonde de l’oesype, quoiqu’on tire d’Athènes ce suc huileux, extrait de l’immonde toison des brebis ? Je vous blâmerais aussi d’employer la moelle de cerf, ou de nettoyer vos dents en présence de témoins. Tout cela, je le sais, fera briller vos charmes ; mais la vue n’en est pas moins désagréable : que de choses nous choquent quand nous les voyons faire, et nous plaisent quand elles sont faites ! Ces statues, chefs-d’œuvre du laborieux Myron, ne furent jadis qu’un bloc inutile, qu’une masse informe. Il faut battre l’or pour en faire un anneau ; les étoffes que vous portez ont été une laine malpropre. Ce marbre fut d’abord une pierre brute : maintenant, statue fameuse, c’est Vénus toute nue, exprimant l’eau de ses cheveux humides.

Ainsi, laissez-nous croire que vous dormez encore, lorsque vous travaillez à votre toilette : vous paraîtrez avec plus d’avantage, lorsque vous y aurez mis