Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/378

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je ne sais quoi de doux et de féminin qu’on ait du plaisir à entendre. Il est des femmes qui ne peuvent rire sans se tordre hideusement la bouche ; d’autres veulent témoigner leur joie, et vous diriez qu’elles pleurent ; d’autres enfin choquent l’oreille par des sons rauques et désagréables ; on croirait entendre braire une ânesse qui tourne la meule.

Où l’art n’entre-t-il pas ? les femmes apprennent aussi à pleurer avec grâce, à pleurer quand elles veulent, et comme elles veulent. Que dirai-je de celles qui retranchent d’un mot une lettre indispensable, et forcent leur langue à bégayer en le prononçant ? Ce vice de prononciation devient en elles un agrément : aussi s’exercent-elles à parler moins bien qu’elles ne le pourraient. Ce sont des minuties ; mais puisqu’elles sont utiles, étudiez-les avec soin.

Apprenez aussi à marcher comme il convient à une femme : il est dans la démarche une grâce qui n’est point à dédaigner ; par là une femme attire ou éloigne les amants. L’une, par un mouvement de hanche étudié, fait flotter sa robe au gré des vents, et s’avance d’un pas majestueux ; l’autre, imitant la rubiconde épouse d’un paysan ombrien, se promène en faisant de grandes enjambées. Mais en