Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/394

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plaisirs de votre couche ; que bientôt il craigne un rival ; qu’il se croie réduit à partager avec lui vos faveurs : sans ces stratagèmes, l’amour vieillit promptement. Jamais un coursier généreux ne vole avec plus de rapidité dans la carrière que lorsqu’il a des rivaux à devancer ou à atteindre. Un affront réveille nos feux assoupis, et moi-même, je l’avoue, je ne saurais aimer si l’on ne me blesse un peu. Mais que votre amant n’ait pas, d’une façon trop évidente, sujet de se plaindre, et que, dans son inquiétude, il se figure qu’il y en a plus qu’il n’en sait. Que la triste vigilance d’un gardien supposé et l’importune jalousie d’un époux trop sévère aiguillonnent sa passion. Un plaisir sans danger est un plaisir moins vif. Fussiez-vous plus libre que Thaïs, supposez des craintes imaginaires.

Quand il vous serait plus facile de le faire entrer par la porte, faites-le passer par la fenêtre, et qu’il lise sur votre visage tous les symptômes de l’effroi. Qu’une fine soubrette accoure tout à coup, en s’écriant : "Nous sommes perdus ! " Alors, cachez dans quelque coin le jeune homme tremblant. Mais que des plaisirs sans trouble succèdent enfin à ses alarmes, de crainte que vos nuits ne lui semblent achetées trop cher à ce prix. J’allais passer sous silence les moyens de tromper un mari