Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/101

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faite dans-la famille, que la femme prend sa large part dans le travail de la civilisation. Voilà pourquoi ces femmes honorées se trouvent en mesure d’amener, l’un après l’autre, _ leurs époux barbares a la foi, et avec eux les peuples qui les suivaient. Il suffit de nommer Clotilde et Clovis, Berthe et Ethelbert, Théodelinde et Lothaire toutes ces conductrices des peuples paraissent, traînant à leur suite leurs nations comme enchantées derrière leur manteau royal, et traçant les voies dans lesquelles marcheront leurs descendants. Elles ont inspiré à ces peuples naguère barbares une telle confiance, que ces Germains, ces Francs, ces Saxons, ces Espagnols, rebelles à tout commandement humain, qui se faisaient gloire de mépriser toute obéissance, ne craindront pas de se soumettre à la royauté d’une femme.

Cependant il ne faut pas conclure de là que le christianisme ait détruit tout ce que la nature avait fait, qu’il ait, voulu précipiter les femmes dans la vie publique, et rétablir cette égalité absolue que le matérialisme de notre époque a rêvé. Non, le christianisme ne l’entend point ainsi, il est trop spiritualiste pour avoir une pareille idée. Le rôle des femmes chrétiennes était quelque chose d’analogue à celui des anges gardiens : elles pouvaient conduire le monde, mais en restant invisibles comme eux. Ce n’est que rarement que les anges deviennent visibles à l’heure du souverain danger,