Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/137

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des charmes de Virgile ; je commençais à bégayer des paroles stridentes et. essoufflées,. stridentia anhelantiaque verba  ; je m’attachais à cette langue difficile comme un esclave s’attache à la meule ; je m’enfonçais dans les ténèbres de cet idiome barbare comme un mineur dans un souterrain où, a peine, après beaucoup de temps, il aperçoit quelque lumière, et, dans ces profondeurs, dans ces obscurités, je commençais à trouver des jouissances inconnues plus tard, de la semence amère de mon étude, je recueillis des fruits d’ une douceur infinie. » C’est là le langage de saint Jérôme, vous le reconnaissez à la sauvage énergie de son éloquence. Ces fruits qu’il voulait recueillir, ces fruits d’une étude amère, c’étaient les livres saints qu’il se proposait de traduire de l’hébreu pour rectifier ce qui pouvait se trouver d’inexact dans les traductions faites d’après les Septante, et aussi pour ôter aux Juifs tout subterfuge, leur retrancher toutes les objections qu’ils tiraient de la différence supposée entre l’original hébreu et la version grecque. Voilà le motif pour lequel saint Jérôme entreprenait la traduction de la Bible, et il ne fallait rien moins qu’une pensée de foi, que la forte conviction d’un devoir, pour lui faire braver les difficultés, de ce travail et l’opposition même de ces chrétiens qui s’inquiétaient de voir une traduction nouvelle, qui avaient déjà leurs traductions plus anciennes et qui