Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/176

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nous regardons comme vrai, comme beau, comme bon. « Car, dit-il, de même qu’un père se plaît a se faire petit avec son enfant, à bégayer avec lui les premiers mots, non qu’il y ait rien de bien attrayant à murmurer ainsi des mots confus, et cependant c’est là le bonheur rêve par tous les jeunes pères ; de même pour nous, pères des âmes, ce doit être un bonheur de nous faire petits avec les petits, de murmurer avec eux les premières paroles de la vérité, et d’imiter l’oiseau de l’Évangile qui réunit ses petits sous ses ailes, et n’est heureux qu’autant qu’il est réchauffé de leur chaleur et qu’il les réchauffe de la sienne. » C’est qu’en effet, personne mieux que saint Augustin n’a connu cette mystérieuse sympathie de l’orateur et de l’auditeur, par laquelle l’un éclaire, soutient, conduit l’autre, tandis que tous deux travaillent à la même heure, par le même effort, au dégagement et à l’éclat de la même vérité.

Si l’amour des hommes est un des principes de l’éloquence nouvelle, il y a un amour plus sacré encore, c’est l’amour de la vérité, l’amour de cet idéal souverain dont l’orateur doit être rempli, dont il n’atteint jamais toute la-perfection et toute la splendeur, qu’il perd par moments, mais dont a vue, de temps a autre, le soutient, le réveille, et lui rend toute son ardeur. Voilà ce que saint Augustin avait connu mieux peut-être qu’aucun