Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/193

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pasteurs ; et, par les injures du Christ, par sa couronne d’épines, par sa croix et par son sang, je les suppliai que, s’ils voulaient se perdre, ils eussent pitié de nous, et qu’ils songeassent a la charité du vieil et vénérable évêque Valère, qui, pour l’amour d’eux, m’avait imposé la formidable charge de leur annoncer la parole de vérité. « Et, tandis que je leur faisais ces reproches, il arriva que le maître des âmes me donna de l’inspiration selon le besoin et le péril. Mes larmes ne provoquèrent point les leurs ; mais, tandis que je parlais, prévenu par leurs pleurs, j’avoue que je ne pus me défendre de laisser éclater les miens, et, quand nous eûmes pleuré ensemble, je mis fin à mon discours avec un ferme espoir de leur conversion.[1] »

Voilà assurément de beaux exemples des victoires de la parole. Et ne vous arrêtez pas à ce qu’ils ont de petit et d’obscur par leur objet, car toutes les conquêtes spirituelles commencent ainsi par être humbles et obscures ; mais cette parole, qui avait vaincu les habitants de Césarée, en Mauritanie, et les gens d’Hippone, vous la verrez grandir et triompher sur d’autres champs de bataille.

Il nous resterait a étudier bien d’autres orateurs chrétiens de l’école de saint Ambroise et de saint Augustin. Ils sont nombreux au quatrième et au cinquième-

  1. Epis. XXIX, ad Alypium.