Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cet homme, qui est très-Romain, qui l’est au moins autant, plus même que saint Augustin, déclare que si, au prix des invasions, au prix de toutes les horreurs qu’il a fallu subir, au prix de la captivité, de la mort et des infamies sans nombre si, à ce prix, il voit les Burgôndes, les Huns, les Alains, les Vandales, sauvés pour l’éternité, il rend grâces à Dieu et se félicite d’être né dans ces jours. Voyez comme le sentiment chrétien triomphe du sentiment romain dans ce désir de faire de ces barbares des néophytes, de les initier aux mystères sacrés au milieu de cette ruine de l’empire, ruine même dont Orose se félicite, si elle a fait une brèche par où son frère peut entrer ! Quelques années s’écoutent encore, et l’on arrive à’l’année 455 c’est alors que Salvien écrit son livre de Gubernatione Dei, mais dans des circonstances bien différentes : il n’y a plus d’illusions à se faire ; Rome ne se soutient plus ; les barbares, partout victorieux, ont saccagé là capitale du monde pendant dix-sept jours. Comment parler de la durée de l’empire ? Les païens, poussant des cris d’épouvanté et de désespoir, demandaient aux chrétiens où était leur Dieu. Salvien se chargea de répondre en montrant les causes naturelles et surnaturelles de la décadence et de la ruine de Rome. Il les montre dans la corruption d’une société mourant en raison du désordre de ses institutions, qui devaient amener la ruine de son pouvoir. Il les